Partie 1 : Musicien ou musicienne pro, faut-il chercher à être polyvalent ?

Article publié le 31 juillet 2024

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Ce fut notre sujet de conversation il yʼa quelques jours avec Thelmaa, avant de monter sur la scène du festival Solstice. Jʼai souvenir du discours qui nous était transmis en école de musique : « On ne cherche pas à faire de vous des musiciens excellents dans leur domaine ; on cherche à faire de vous des musiciens polyvalents, capables de sʼinsérer dans le marché de la musique en étant capable dʼinterpréter nʼimporte quel style. » Alors, être polyvalent, est-ce une démarche pertinente lorsquʼon veut se professionnaliser dans le spectacle vivant ?

Maîtriser un maximum de genres musicaux : les atouts de la polyvalence

On enrichit sa culture, son vocabulaire, sa sensibilité.

Un genre musical admet une histoire, des codes et une écoute qui lui sont propres. Travailler une nouvelle expression musicale enrichit son bagage culturel, tant dʼun point de vue technique (modes de jeu, rythmiques propres au courant travaillé, manière de faire sonner lʼinstrument et de lʼintégrer dans le jeu en groupe, …) que dʼun point de vue sensible (sensibilisation à lʼhistoire de la musique appréhendée et donc à lʼhistoire des personnes et des classes sociales sous-jacentes, nouvelle écoute et perception de la musique, décentralisation de ses idées et de ses fonctionnements habituels, …).

Cʼest ce qui va donc immanquablement enrichir notre discours et participer à la construction de notre identité artistique.

On augmente nos chances de trouver du travail ?

Cʼest lʼargument principal que lʼon peut souvent entendre : une fois lâché dans la jungle de la musique, il faut se vendre, jouer un maximum, accepter tous les boulots. Ça peut être vrai pour beaucoup de monde, sans être obligatoire (je ne connais pas un parcours de musicien.ne qui se ressemble). Multiplier et éprouver les expériences forge notre vision du métier et notre rapport à la scène, cʼest une démarche que jʼaurais tendance à recommander particulièrement en début de carrière.

Un des principaux intérêts de la démarche se trouve peut-être également dans la variété des rencontres quʼelle induit. En effet, jouer dans des esthétiques différentes nous oblige à côtoyer des réseaux artistiques qui ne se mêlent pas toujours et réduit le phénomène dʼentre-soi déjà bien présent dans le milieu de lʼart.

Multiplier les collaborations dans les sphères artistiques nous apporte également un regard plus aiguisé sur le réseau local, ça ne se néglige pas ! Mieux connaître son réseau, cʼest mieux le servir.

La polyvalence nous apprend à comprendre ce qui nous correspond, et surtout ce qui ne nous correspond pas.

Cʼest peut-être là un des points les plus importants de notre sujet. À force dʼéprouver des projets de multiples horizons (dans et en-dehors du spectacle vivant), jʼai appris à mieux comprendre ce qui faisait sens me concernant dans les métiers de la musique et du son. Il a fallu passer par des projets et des musiques que jʼai aimés pratiquer et éprouver afin de réaliser ce à quoi je voulais principalement me dédier. Écumer la scène avec toutes sortes de projets aide à réaliser où est sa place. Dans mon cas cʼest clairement à la composition et au studio ; malgré tout, la scène apporte toujours un équilibre que jʼapprécie de savourer.